Ma chronique

La motivation et le sport (3e partie)

"La motivation peut être définie comme un processus qui dirige l'organisme (l'individu) vers un changement. Si ce changement se produit, l'individu est motivé d'adhérer à la situation et de fournir l'effort nécessaire."
Motivation et le sport (1ère partie).

Renforcement positif

"Un renforcement est positif quand une action est suivie d'une conséquence agréable. Les sportifs tendent à répéter le comportement dans l'espoir de bénéficier à nouveau d'effets positifs." Motivation et le sport (2e partie),

Dans cette chronique nous allons voir un peu plus en détail quelques principes fondamentaux de l'utilisation efficace du renforcement positif.

Choix de renforcements efficaces

Les récompenses devraient correspondre aux besoins de ceux qui les reçoivent. La meilleure façon de choisir les récompenses est de savoir ce qui plaît et ce qui déplaît aux gens avec qui on travaille.
Par exemple un entraîneur peut faire remplir un questionnaire aux joueurs qu'il estime réconforter. Ce questionnaire doit prendre en considération des récompenses sociales, activités, sorties, des récompenses matérielles etc. La rétroaction ainsi obtenue peut aider l'entraîneur dans le choix des renforcements.
Ces récompenses s'appellent extrinsèques parce qu'elles proviennent de sources externes (l'entraîneur, le club etc.) D'autres renforcements sont dits intrinsèques parce qu'ils viennent du sportif lui-même, comme par exemple: la fierté de réussir, le sentiment d'être compétent.
Un renforcement intermittent est souhaitable parce qu'il exige moins de temps et assure le maintien du comportement.
Par exemple, quand un joueur de tennis de table apprend un ou des nouveaux gestes est plus facile de perdre confiance lorsque le geste est incorrect, dans ce cas l'entraîneur augmente la fréquence du renforcement. Une fois le geste acquis, il est moins nécessaire de le renforcer immédiatement, mais il demeure toutefois essentiel que le comportement désirable soit renforcé à un moment donné.
Le choix des comportements à renforcer est aussi important. On ne peut pas récompenser une personne chaque fois qu'elle réussit quelque chose. Il faut identifier les comportements les plus adéquats et les plus importants et s'efforcer de les récompenser. Plusieurs entraîneurs ont tendance à ne récompenser qu'en fonction du résultat de la performance (victoire), mais d'autres comportements méritent d'être renforcés :
1. Récompenser les réussites approximatives, plus précisément les sportifs sont récompensés pour des performances qui ressemblent à la performance souhaitée.
Par exemple, lorsque les joueurs de tennis de table apprennent le service, on peut, au début, récompenser le lancer correct, puis le mouvement correct, ensuite le bon contact et, finalement, l'exécution qui réussit à regrouper toutes les parties en un tout.
Nous savons tous que la maîtrise du geste peut exiger des jours ou des semaines et l'apprenant peut être déçu ou frustré, d'où l'importance de récompenser par étapes décomposées.
2. Récompenser la performance (pas seulement le résultat).
3. Récompenser l'effort. Il faut absolument que les entraîneurs réalisent que l'effort fait partie du rendement. Lorsque les joueurs savent qu'on apprécie les efforts consentis pour réaliser des gestes nouveaux et difficiles - et qu'ils ne risquent pas seulement la critique s'ils commettent des erreurs - ils ne craignent pas d'essayer.
A la fin d'un match ou d’un entraînement le joueur doit être avec la tête haute, et il y a une seule façon d'avoir la tête haute - c'est de savoir qu'il a fait de son mieux, c'est-à-dire le mieux qu'il a pu faire. C'est ça le mieux…, il (le joueur) a fait cet effort, il mérite cette récompense.
4. Récompenser les aptitudes émotives et sociales. Sous la pression de devoir gagner, il est facile d'oublier l'importance du fair-play et de l'esprit sportif. Il faut reconnaître les joueurs qui font preuve d'esprit sportif, de responsabilité, de jugement des autres, et d'autres manifestations de contrôle de soi et de coopération et les récompenser.
5. Faire connaître les résultats. Il est important d'informer les sportifs sur la précision et la justesse de leurs mouvements. Ce type d'information, appelé ‘connaissance des résultats’, doit être donné par l'entraîneur à la suite d'une réponse. Par exemple, un entraîneur qui travaille à augmenter la rotation de la balle lors d'un top spin, doit informer le jouer chaque fois qu'il a observé que la rotation de la balle a augmenté.
La connaissance des résultats peut aider les pongistes dans ce qu'ils ont fait de mal ou de bien et ont un repère de performance. A l'aide de cette information, ils peuvent s'ajuster lors des essais subséquents.
Cette information est considérée comme une récompense par les sportifs-ves, car souvent eux-mêmes ne peuvent se rendre compte de leur amélioration en observant leur propre performance.
Les entraîneurs peuvent transmettre la connaissance des résultats par éloges verbaux, expressions faciales et tapes dans le dos comme des moyens faciles de renforcer les comportements souhaités. Des expressions comme "très bien !", "et voilà !", "continue le bon travail !" peuvent être de puissants renforcements. Cependant, ce genre de récompense est encore plus efficace lorsqu'on identifie avec précision le comportement qui la motive. Par exemple, un entraîneur peut dire à un pongiste qui est plutôt attaquant, "C'est comme ça qu'il faut s'en sortir - tu as vraiment très bien frappé sur son revers".
Lorsqu'on rétroagit auprès du joueur, il est important que la rétroaction soit sincère et conditionnelle à la production d'un comportement donné. Qu'il s'agisse d'éloges ou de critiques, la rétroaction doit être contingente (liée) à un comportement ou à un ensemble de comportements. Par exemple, il serait incorrect de dire à un joueur de tennis de table qui a de la difficulté à apprendre un nouveau geste, "très bien, continue de bien travailler." Il faut plutôt que la rétroaction soit spécifique et liée à la performance. Il faut informer le joueur de la façon correcte d'exécuter le geste et dire par exemple, "assure-toi de bien coordonner le mouvement du bras avec le corps, lors d'un top spin." Toutes ces recommandations sur la motivation, permettent aux entraîneurs de mettre en place un système de communication utile et efficace.

Jean-Pascal Stancu
Président de l'AGTT

Note: La prochaine chronique sur la motivation (4e partie) sera dans 2 mois.