Dans le monde du tennis de table, la maîtrise technique et physique est indéniablement essentielle pour exceller. Cependant, un aspect souvent négligé mais tout aussi crucial est le rôle du mental. Afin d’aborder ce point, nous nous sommes entretenus avec Valérie Andreetto, coach mentale dans le sport qui est engagée également dans le tennis de table.
- Bonjour Valérie, pouvez-vous vous présenter et nous présenter votre rôle vis-à-vis du tennis de table genevois ?
Je suis préparatrice mentale diplômée d’université et coach certifiée. Je suis spécialisée en jeunes sportifs de haut niveau, avec une expérience de plus de 12 ans sur le terrain.
J’accompagne des jeunes de 13 à 25 ans, qui sont envoyés par leur entraîneurs, leur structure de formation ou leurs parents. Je travaille dans une trentaine de disciplines olympiques en sports individuels et collectifs.
Je perfectionne également les entraîneurs et les coachs en proposant des cours de formation continue.
- On le sait, le tennis de table est un sport qui nécessite une grande force mentale. Selon vous, comment jugez-vous cette importance dans le tennis de table ?
Le sport met en avant les capacités physiques, mais c’est bien le cerveau qui est aux commandes de tous les processus musculaires et cognitifs. Au tennis de table, les matchs durent peu de temps, tout va très vite. Ce sont les capacités de rapidité de réaction et de prise d’informations qui sont en jeu. En match, la joueuse et le joueur doivent gérer leur jeu, leurs émotions, l’adversaire et les imprévus.
Comme au tennis, malgré une mauvaise entame de match, il est possible de retourner la situation. Il ne faut rien lâcher, ne pas se laisser abattre et rester hyper-concentré malgré toutes les distractions ou les erreurs commises.
- Vous êtes donc préparatrice mentale pour l’ITTG. Comment se passe une préparation avec les jeunes ?
À l’ITTG, chaque joueuse et joueur dispose d’un certain nombre de séances durant la saison, 6 séances d’une heure au minimum. Ils sont libres de venir ou pas faire ce travail à mon cabinet, il n’y a pas d’obligation, c’est une condition que j’ai posée. C’est un travail sur la durée, construit, planifié et organisé.
Au début du suivi, après avoir posé plusieurs questions pour mieux comprendre la situation de la joueuse ou du joueur, j’établis un bilan des habilités mentales grâce à différents tests d’évaluation, validés scientifiquement. Ensuite, nous décidons ensemble des objectifs prioritaires à travailler comme la gestion de la pression ou l’amélioration de la confiance en soi, par exemple.
- Pour une préparation mentale, les jeunes sont-ils plus faciles « à gérer » que des adultes ?
Selon les neuroscientifiques, le cerveau atteint sa maturité en moyenne à 25 ans ! Du coup, l’intérêt de travailler avec des jeunes est intéressant. Disons qu’avec des adultes, parfois ils doivent désapprendre certains comportements avant de pouvoir en installer de nouveaux bien plus performants. En revanche, chez les jeunes comme chez les adultes, il existe parfois des conceptions erronées de la performance, comme celle de devoir être parfait tout le temps.
J’œuvre pour l’autonomie des joueuses et joueurs, si je fais bien mon travail, lorsqu’ils sont bien formés, ils ne viennent que de temps en temps poser des questions sur une situation bien précise pour laquelle ils ont besoin de mon regard extérieur.
- Dernière question : quel conseil donneriez-vous à un pongiste qui veut s’améliorer dans le domaine ?
De cultiver un état d’esprit positif, d’avoir du plaisir dans les entraînements comme dans les matchs. Ces émotions positives soutiennent la créativité de jeu et permettent d’aller loin dans son projet. Il s’agit de développer une passion harmonieuse pour son sport, au contraire d’une passion obsessive qui brûle trop vite les motivations. De plus, la qualité de la récupération est un facteur indissociable d’une bonne performance.